Plongez dans l'hypnose

Interview Kevin Finel


Interview Kevin Finel

Si vous vous intéressez à l'hypnose, il y a de grandes chances que vous ayez entendu parler de Kevin Finel, il représente à merveille cette nouvelle génération française de l'hypnose, pleine de bonnes idées et  d'initiatives.

Directeur et fondateur de l'ARCHE ; hypnothérapeute ; formateur ; homme de scène, vous l'aurez compris, Kevin Finel multiplie les casquettes et les projets autour de l'hypnose, pour notre plus grand plaisir ! 

Chez Deeper, nous sommes également dans cet esprit, pensant que l'hypnose ne doit pas se cantonner à la thérapie, et qu'un esprit d'ouverture aidera notre discipline à avancer et à continuer d'évoluer dans ce 21ème siècle

Malgré un agenda très chargé, Kévin a très gentiment pris le temps de nous répondre, c'est aussi l'occasion pour nous de le remercier, et vous souhaiter une bonne lecture !

kevin finel


INTERVIEW :

Deeper : Bonjour Kévin, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs qui ne vous connaitraient pas encore ?

Kevin Finel :    Bonjour à toutes et à tous, et merci pour votre invitation à partager sur ce blog ! Pour commencer, je suis un passionné d'hypnose et ça, depuis tout petit. Je dirais même que je suis avant tout passionné par l'exploration des états de conscience et leurs possibilités : l'hypnose est vite devenue une évidence puisqu'elle est un moyen idéal pour mener cette exploration.

C'est cette passion qui m'a conduit à étudier et à pratiquer très tôt différentes formes d'accompagnement. À 17 ans j'ai ouvert mon premier cabinet en tant que praticien en hypnose et écrit un premier livre dans la foulée, portant sur l'autohypnose. 2 ans plus tard, j'ai fondé l'Académie d'hypnose, l'A.R.C.H.E., qui a commencé comme un centre de formation assez confidentiel... et qui au fil des années est devenu le principal centre de formation à l'hypnose en France, et un des premiers au niveau européen.  

Aujourd'hui, je partage mon temps entre la formation, l'écriture, les conférences et le développement de différents projets visant à porter l’hypnose dans de nouveaux domaines.   


Quelle est votre définition de l’hypnose ?

 

On lit encore parfois que l’hypnose est un état, ce qui me semble réducteur.

À mon sens l’hypnose est une discipline à part entière : c’est la discipline qui s'intéresse aux moyens de modifier, de modeler les états de conscience.

Un praticien en hypnose étudie la construction de la subjectivité et les techniques qui vont lui permettre d’agir avec et sur cette construction.

Elle est donc aussi un outil d’exploration de ce qui nous échappe, de l’inconnu qui existe en nous. 

 


Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre avec l’hypnose, que ce soit intellectuellement jusqu’à la première fois que vous avez hypnotisé ?

 

Je ne me souviens plus de ma première rencontre intellectuelle...  mais la première fois que j'ai hypnotisé oui ! C'était avec un ami, quand j'avais 11/12 ans. J'avais utilisé une sorte d'induction par fixation, sur une petite lampe de chevet. L'induction, les yeux ouverts, avait produit quelques hallucinations étonnantes… Je l'ai vécu comme une porte d'entrée vers une autre perception de la réalité. À l'époque, j'avais des lectures un peu étranges, comme Patrick Drouot ou Pauwels / Bergier…  On pourrait dire que c'était ma période New Age ! Du coup, j'y voyais quelque chose de très mystique...  et je me souviens avoir eu un peu peur de tenter une 2e expérience.  Avec le recul, ça me fait sourire de repenser à tout ça...


Quelles raisons vous ont poussé à créer l’ARCHE en 2002 ?

 

Les choses se sont faites naturellement... j'avais créé un peu avant un groupe de praticiens pour progresser dans la technique. On avait suivi à peu près tout ce qui se faisait en France en termes de formation, et on ne se trouvait vraiment pas au niveau comparé aux pointures anglo-saxonnes. On se coachait, on partageait nos trouvailles, et on lisait tout ce qui nous passait sous la main... J'ai accumulé une matière assez importante sur le sujet, et vécu des expériences variées. En faisant le tri dans tout ça, je me suis dit que ce serait utile de le transmettre, de proposer un cursus en reprenant les éléments les plus pertinents. Ça a été le début de l'Arche en tant qu'école.

Ensuite, tout a évolué rapidement en fédérant des praticiens qui partageaient cette vision. Aujourd'hui, on est une quarantaine à enseigner dans l'école qui est installée dans 4 pays, sans compter les missions dans de nombreux autres endroits du globe. 

Vous avez plusieurs casquettes, hypnothérapeute ; formateur ; directeur de l’ARCHE et récemment acteur dans votre pièce “ Duel sous hypnose “ avec Théo Duverger, avez-vous une préférence parmi tous ces rôles ?

 

Pour moi, toutes ces casquettes sont reliées...  Elles mettent juste en avant les différentes possibilités de l'hypnose !

J'ai beaucoup de plaisir à être sur scène... mais je vous avoue qu'en ce moment, écrire est ce qui me manque le plus. J'ai un petit côté Hermite : je fantasme sur l'idée de m'isoler quelques mois pour écrire 1 ou 2 livres.

 



Nous parlions à l’instant de votre pièce “ Duel sous hypnose “ c’est une démarche très originale qui amène l’hypnose dite “ de spectacle “ dans une nouvelle forme, pouvez-vous nous dire ce qui vous a donné envie de tenter cette aventure ?

 

Il m'est arrivé de critiquer l'hypnose de spectacle. Non pas parce qu’elle prend la forme du spectacle, mais parce qu’elle réduit le spectateur qui monte sur scène à un objet de rire et de moquerie. Pour moi, mettre quelqu'un sous hypnose, c'est lui faire le plus beau cadeau qui soit... et non le ridiculiser.

Un jour, un ami m'a dit : "au lieu de critiquer, montre ce que tu ferais sur scène..." il avait raison ! J'avais déjà écrit, quelques années avant, une pièce de "théâtre initiatique". Je me suis dit qu'on pouvait mêler ce genre de thématique à de l'hypnose : si les spectateurs qui se portent volontaires repartent grandis, alors le pari est réussi.

Le concept étant nouveau, il fallait tester pas mal de choses : j'ai dû réécrire plusieurs fois un texte qui contenait une intrigue, et qui permettait au public de devenir acteur et de jouer un rôle à part entière.

Nous avons joué au festival d’Avignon pendant 1 mois : ça a été un grand succès, d’autant qu'Avignon n'est pas une place facile quand on est inconnu dans le domaine du spectacle.

Pourtant, pour plusieurs raisons, j'ai voulu stopper là cette expérience. Notamment à cause de quelques difficultés avec notre metteur en scène, et puis je n’étais toujours pas satisfait du texte : je voulais aller beaucoup plus loin. Mais j'ai appris beaucoup de choses avec ce spectacle, une porte s’est ouverte et je vois mieux ce qui est possible maintenant...  Je commence tout doucement à imaginer un numéro 2 .... 

 



Parlons hypnose ! Quelles ont été vos principales influences en hypnose, française et internationale, du passé et contemporains ?

 

Sans aucun doute, Milton Erickson. Il a tellement apporté à l'hypnose !  En France, mis à part Roustang, il faut remonter à Bernheim à mon sens pour trouver un auteur inspirant.  Aujourd'hui, Rossi ou O'Hanlon continuent à être des modèles. À une époque, j'aimais beaucoup Bandler et Grinder, avec qui je me suis formé il y a longtemps...  J’ai aujourd'hui pris de recul avec ces styles qui me semble avoir vieilli prématurément... Malgré ça, Bandler m'a beaucoup inspiré à mes débuts.

 



Avez- vous un phénomène hypnotique que vous affectionnez plus qu’un autre ? Une technique ou suggestion que vous appréciez particulièrement ?

 

Cela dépend des périodes. Parfois j'aime les hypnoses conversationnelles, que j'envisage comme une partie d'échec.  Il y a quelques mois je jouais beaucoup sur les modifications de perceptions de la forme du corps, ce qui permet de transformer une personne en une autre, de changer d'âge ou de faire sentir à une personne qu'elle est un animal. On est vite dans le travail symbolique avec ces phénomènes : il y a un lien entre notre forme et notre construction identitaire, et de telles expériences sont à la fois belles et porteuses de profondes prises de conscience.

Depuis quelques semaines, je reviens aussi beaucoup sur les transes partielles : elles me permettent de tester des théories que nous mettons en place en Hypnologie.

 


 

Quel est votre plus beau souvenir avec l’hypnose ?

 

Je crois qu'on se souvient à vie du premier client qui, quelques jours après une séance, revient et dit "ça a changé ma vie". Cela fait déjà 17 ans...  et m'en souvenir me donne encore la chair de poule.

 


 

Une nouvelle jeune génération s’intéresse à l’hypnose, notamment via l’hypnose de rue, quel regard vous portez sur ce mouvement, et que pensez-vous qu’il en ressortira dans les années à venir ?

 

Avant qu'on parle d'hypnose de rue, et que cette idée se propage, j'avais créé un petit groupe de praticiens avec qui nous expérimentions beaucoup dans les lieux publics.

Notre pratique était très différente de ce qu'on fait maintenant : nous ne disions pas que nous faisions de l'hypnose, nous étions plutôt  dans l'idée de créer des moments décalés et hors du temps.

Dans un musée nous faisions rentrer des gens dans des tableaux...  nous proposions des "tours de magie" où des personnes perdaient leur prénom ou l'échangeaient entre elles... on créait des fous rires géants dans des parcs ou des rues bondées avec des ancrages mouvants…  et quelques autres trucs qui ressemblent plus à des "flash mob" qu'à de l'hypnose avec une pancarte.

C'était aussi le moment où des personnages comme Neil Strauss et sa bande avaient fait passer à un autre niveau l'hypnose conversationnelle : eux se cantonnaient à la drague, mais nous avions envie de décloisonner ces outils pour créer des moments magiques et de nouvelles formes d’interactions.

L'intention était toujours positive et les gens ressortaient avec l'impression d'avoir vécu quelque chose d'à la fois positif et questionnant.

On avait mis en place à la suite de ces expériences des modules d'initiation en 2008, principalement pour aider des praticiens à oser des techniques d'hypnose hors de leur cadre habituel.

Du coup, au début, l'arrivée de l'hypnose de rue m'a semblée un peu décalée de ce qu'on avait commencé à mettre en place : je ne voyais pas l'intérêt d'annoncer que c'était de l'hypnose et de faire des "mains collées" ...  mais au final je trouve que cette pratique peut être très belle, et j'ai rencontré des praticiens doués et éthiques qui m'ont amené à encourager l'hypnose de rue sous cette forme auprès de mes élèves. Je me suis aussi prêté un peu à ce jeu au festival d’Avignon, avec beaucoup de plaisir. 

Il m'arrive par contre d'être effaré par des vidéos d'hypnose de rue parfois très limite...

 



Parlons de votre académie, l’ARCHE, on peut constater une vraie volonté de diversité dans l’enseignement, et récemment avec les cours “ d’hypnologie “, pouvez-vous nous en dire plus sur ces cours ?

 

L'idée de l'Académie a toujours été de proposer une approche exigeante et poussée de l'hypnose. On n’est pas dogmatique : pour moi un praticien doit savoir tout faire, et le faire bien.

Pendant longtemps, l'intention de notre pôle recherche, était de parfaire les techniques, d'amener les praticiens à un meilleur niveau. Je pense que ce pari est réussi, puisque nous avons pu rattraper le retard pris sur d'autres pays, et même avoir quelques coups d'avance en termes d'innovation.

Il restait par contre la recherche pure : aucun autre institut de formation n'intègre de centre de recherche, ce qui a longtemps séparé la pratique et la théorie. Il faut dire que c'est quelque chose de très couteux en argent, en temps.... et qui ne rapporte rien commercialement.

Mais je crois tout de même que c'est fondamental, aussi j’ai énormément investi dans cette direction.

Nous avons bâti un programme important pour affiner notre compréhension des mécanismes de l'hypnose. Ce travail a commencé il y a 3 ans, et nous l'avons nommé hypnologie : l'ambition – un peu folle -  est que cette discipline puisse devenir à terme une matière à part entière comme l'est la psychologie par exemple.

La partie visible de ce travail a été offerte sur YouTube avec les cours animés par Cyrille Champagne à Paris. Ces cours sont ouverts à tous : je tiens à ce principe de partage, car le but est que tous ceux qui s'intéressent à l'hypnose puissent se servir de ce savoir.

On a créé du coup des partenariats avec des universités, écoles, centres de recherche et rencontré des personnes fabuleuses qui ont été enthousiasmées par nos projets : ça a été tout de suite vraiment stimulant. Et on n’est qu'au début de ce projet qui commence à intéresser des institutions de très haut niveau.

 


 

Y'aura-t-il dans le futur, des expériences d’hypnose expérimentale, un peu comme a pu le faire Milton Erickson tout au long de sa carrière ? 

 

Oui, et ça a même commencé, mais je ne peux pas en dire plus à ce sujet pour l'instant !

 

Quelle est la place de la PNL dans l’enseignement à l’ARCHE ?

 

La PNL est née de l'hypnose. J'ai été formé par Bandler, Grinder et quelques autres parmi les pionniers de la discipline : ce sont d'excellents pédagogues et leur système est brillant. J'ai donc naturellement intégré des éléments de PNL dans la formation de l'Arche. Les méta programmes par exemple constituent un outil stratégique passionnant, et le travail des sous-modalités me semble fondamental.

PNL

 

Avez-vous un avis sur le débat récurrent sur l’hypnose médicale/non médicale et sur une éventuelle future législation ?

 

Je crois que ce débat est souvent exagéré. Peu de médecins veulent que l'hypnose devienne médicale, à part ceux qui ont un enjeu commercial direct. Et puis, il y a beaucoup de problèmes internes dans la confédération des instituts de médecins, avec de plus en plus de personnes qui nous soutiennent.

Sur le terrain, les médecins savent qu'ils n'ont pas le temps et encore moins les moyens de pratiquer l'hypnose : vous imaginez un hospitalier passer 1H avec un patient ? Ou même un généraliste en libéral à 23 euros pour une séance ? Au fond, sur le nombre de médecins qui se forment, une infime partie pratique réellement. Et je peux vous dire que pour beaucoup c'est une approche plus théorique que pratique qui leur est enseignée.

Au fond, l'hypnose est une pratique bien à part, qui a de nombreuses applications, et qui est connectée à de nombreuses disciplines. 95% des pratiques de l'hypnose n'ont aucun lien avec le domaine médical. Pour les 5% restant, la collaboration est bien entendu utile et positive entre le milieu de l’hypnose et le milieu médical.  Il y a tout simplement des ponts à créer.

 


 

Quel genre de sujet êtes-vous en hypnose, est-ce que vous vous faites souvent hypnotisé ou pratiquez l’auto-hypnose ?

 

Je pratique l'auto-hypnose au quotidien, et j'apprécie beaucoup d'être hypnotisé. Je ne sais pas quel sujet je suis, cela dépend de pas mal de paramètres... mais je suis toujours curieux de découvrir l'état qu'une personne peut modeler quand j'ai l'occasion d'être conduit.  Découvrir de nouveaux états de conscience me passionne !

 


 

Quels sont vos projets et que peut-on vous souhaiter pour 2017 ?

 

Ils sont nombreux ! Nous créons en ce moment le premier cours de neuroscience adapté pour des praticiens en hypnose. 23 chercheurs, tous de renommée internationale, y participent : ce programme va être une mine d’or pour ceux qui s’intéressent à l’hypnose et à son fonctionnement.  

Je travaille aussi sur des projets pédagogiques. Je parlais plus haut des nombreux métiers intéressés par l'hypnose : la pédagogie me tient particulièrement à cœur. On a créé il y a quelque temps des cours sur l'apprentissage (hypno apprentissage), et on a eu des financements de régions pour former des éducateurs.

Mais là, on va aller plus loin : il s'agit de créer des stages pour transmettre des compétences qu’on aurait - je crois - tous rêvé d'apprendre à l'école (apprendre mieux et plus vite, développer sa concentration, sa créativité, son analyse critique, apprendre à connaître ses émotions, à explorer ses limites) et en parallèle de former des enseignants / éducateurs à ces méthodes. L'ambition est un jour d'ouvrir une véritable école : c'est une des missions que je me suis fixé.

Et puis j'évoquais un nouveau spectacle en écriture, ainsi qu'un ouvrage qui devrait paraitre fin 2017/ début 2018 si tout va bien… si je trouve un peu de temps.

 


 

Nous vous laissons le mot de la fin ! :

 

Alors je termine par un souhait : que la pratique de l'hypnose grandisse encore et encore. Je crois que cette discipline peut influencer positivement notre société et de nombreux domaines humains : nous ne sommes qu’aux premiers chapitres d’une passionnante histoire.




Un grand merci à Kevin pour cette inteview ! 

 

Vous pouvez retrouvez toute son actualité sur son blog personnel

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